Prometheus : ratage réussi !






Dernière réalisation de Ridley Scott, Prometheus est plutôt décevant.

Si sur le plan visuel, tout est parfaitement maîtrisé - le réalisateur de Blade Runner donne à voir des décors splendides, des landes écossaises de l'Ile de Skye aux paysages arides et rocailleux de la Planète LV-426 -, le film se disperse dans de multiples sujets, posant beaucoup de questions, sans apporter vraiment de réponses. Rien de sensationnel par exemple sur la question des origines de l'homme - a priori centrale dans le film - : Prometheus livre bien l'identité d'un créateur, mais ne répond toujours pas au "pourquoi" (ni au "pour quoi" d'ailleurs). Pire, le créateur en question préfère finalement nous détruire (tout compte fait), et là encore, on ne sait pas pourquoi. A moins que l'homme n'ait été créé que pour être détruit. Une sorte de cobaye pour expérimenter une arme bactériologique, par exemple ?! La solution réside peut-être dans les 30 minutes de scènes coupées contenues dans le Blu-Ray du film, qui sait ...

On note que Prometheus comprend de nombreuses similitudes avec le Alien de 1979, du même réalisateur. Par exemple, le rôle de l'androïde dans chacun des films est plus ou moins le même :  c'est toujours un peu lui qui cause le boxon. Sauf que dans Alien, on sait pourquoi Ash agit dans "ce" sens. Il a des ordres, il est programmé pour. Mais dans Prometheus, encore une fois, on ne sait pas trop.  Curiosité malsaine, sadisme associé à un goût prononcé pour les expériences scientifiques ? Pour un robot, avouez que c'est un peu bizarre, non ?

Michael Fassbender, dans la peau de David, l'androïde de l'équipage

Par ailleurs, la scène d'ouverture reste pour moi un grand mystère. Alors, bien sûr, on peut faire certaines suppositions...  Et voilà le problème majeur d'un film au scénario trop peu solide : on ne peut faire au bout du compte que des hypothèses, et les questions restent toujours en suspens. Faut-il le cerveau d'un de ces "voyageurs" pour saisir ce film ?

A cela s'ajoutent quelques incohérences particulièrement agaçantes, comme l'histoire du géologue, qui trouve le moyen de se perdre lors de la première excursion sur la Planète LV-426, alors que :
1-  Il est censé être en charge de la reconnaissance de la topologie des lieux. C'est un gé-o-lo-gue, non?
2 - Il est également censé être en contact direct avec le pilote du vaisseau, qui a sous les yeux une super carte holographique de l'endroit, et sait exactement ce que voit le bonhomme via une vidéo retransmise sur un écran posté face à lui (et visiblement il n'est pas aveugle).

Et ne parlons pas de l'allure des personnages à bord du vaisseau, qui serait tout à fait raisonnable, si ceux-ci ne portaient pas des tongs en caoutchouc en guise de chaussures. Oui, oui, j'ai bien dit des tongs.

Enfin, hormis ces divagations narratives et ce petit problème de style vestimentaire, l'angoisse est toujours là. Je pense notamment à cette scène de tension extrême, où l'héroïne lutte pour s'arracher un foetus d'alien qui grossit à vue d'oeil dans son ventre et menace à tout moment de le faire exploser. 

En bref, Prometheus est une sorte d'Alien, en beaucoup, beaucoup, beaucoup... (10 puissance 1 000 000) moins bien. 

6 commentaires:

  1. Cela confirme donc que les filles n'aiment pas les tongs, ce n'est pas sexy. Je lis ton article alors que je me tâte encore pour aller le voir ce soir. La fête du cinéma donne envie d'aller voir pas mal de bouses...

    RépondreSupprimer
  2. Tu peux y aller, et tu me donneras ton avis, mais bon y a peut-être autre chose quand même, non ?! Enfin le point positif, c'est que ça m'a donné envie de revoir la série des Alien(s) - j'ai vu le 4 de J-P Jeunet hier soir, suite aux 3 autres... c'est quand même autre chose !

    Et sinon, tu as eu l'occasion de voir Black Mirror ?

    RépondreSupprimer
  3. Mouais, pour ma part je déteste l'Alien de Jeunet, grand-guignolesque et à mille lieux de l'image que je me fais d'un Alien. Alors oui, c'est joli, et arty, mais non, le "yo-yo", on joue au basket avec Ridley trop bad-ass qui a des couilles qui pendent jusqu'au genou... Très peu pour moi... Tout l'intérêt venait du fait qu'elle était justement fragile dans le premier ; qui jouait dans le survival-horror et pas dans le beat'em'all. Dans mon coeur le premier et le troisième restent les meilleurs de toute façon.

    Et pour ce qui est de Prometheus, je ne l'ai pas trouvé si mauvais. Bien sûr il s'adapte au format "blockbuster" de son temps et se repose un peu trop sur ses lauriers en empruntant beaucoup au premier (tellement qu'on croirait presque à un remake parfois). Mais cela n'empêche qu'il joue aussi dans la contemplation, avec des plans magnifiques sur la planète, mais un brin trop proprets pour égaler le côté sale et poisseux qui installaient vraiment une atmosphère dans le premier Alien. Le problème c'est qu'ils sont aussi très vite éclipsés par les relations humaines... Parfois inutiles.

    Sinon je n'ai pas été frustré par les questions auxquelles on ne répond pas. Un épisode d'Alien doit conserver sa part de mystère, et d'absurde... Les extraterrestres sont cruels, sans merci, et il faut bien avouer "bétas", dans le sens de "primitifs". Ca a toujours été comme ça, et ça doit le rester. Libre à chacun de se faire une interprétation, mais c'est pas bien difficile de deviner pourquoi l'Homme a été créé (une erreur dans la "programmation" du code génétique, sûrement ? D'où l'extermination programmée...).

    Le problème c'est davantage l'absence de non-dit, à l'inverse de ce qu'on pourrait penser. Le film est bien trop démonstratif pour égaler l'aspect ténébreux du premier. Tout est dévoilé, avant même que les choses arrivent : les scènes d'épouvante tombent à plat (scène de fin où l'héroïne regarde par la vitre ce qui se passe dans la salle du médipod) car elles sont déjà vues et ne constituent pas l'exception. D'accord, les passagers n'ont pas d'armes mais tous les gadgets "chanmés" en foutent trop plein les yeux pour qu'on croit à leur fébrilité et leur statut d'"immigrants clandestins".

    Alors que le premier Alien adoptait un rythme assez lent et "stationnaire", celui-là joue le jeu de l'aller-retour, du va-et-vient incessant entre la base Alien et le vaisseau des humains, qui m'a relativement lassé... Trop de remue-ménage pour peu d'installation d'une situation oppressante, vite éludée par la mort des deux branquignoles ingénieurs (oups spoil).

    Je cracherais plus sur le design des "créateurs", un peu "faciles" par rapport au reste du travail abattu par Giger. D'ailleurs, c'est bien grâce à lui que le film peut être sauvé, grâce à de superbes vues d'intérieurs du vaisseau alien... Bien trop rares. Et puis pour rester dans le cosmétique, je n'ai même pas fait gaffe aux tongs... Mais je parlerais plutôt de l'habitacle du cockpit, tout rustique et rétro Star Wars alors qu'on imagine bien qu'en 2094 ils doivent avoir inventé plus confortable... Pareil pour les tableaux de bord avec plein de boutons... On aurait pu imaginer que la navigation serait allée dans le sens d'une simplification des commandes... A l'instar de celle des Aliens.

    Pour la qualité relativement médiocre des films qui passent en ce moment dans les grandes salles, je me plains pas de ce Prometheus, qui reste au-dessus de la moyenne (oui, je sais, c'est triste).

    Sinon toujours pas de Black Mirror, je dois déjà finir le feu Walking Dead (pas méga génial (interprétation médiocre et IA des zombies chelou), assez répétitif mais addictif).

    PS : voilà, même pas besoin de faire un billet sur Geublo, tu sais tout.

    RépondreSupprimer
  4. Hormis mes fautes de frappe et d'orthographe, je voudrais rajouter un propos à polémique : les préposés aux boulots les plus ingrats sont des minorités ethniques ! Un noir, un chinois (et un WASP pour la parité, d'accord...)... C'est honteux !
    D'ailleurs tant que ça me revient à l'esprit je rajouterais que j'ai eu le sentiment que l'esthétique SF du film (technologies, vêtements, etc.) était très inspirée de Mass Effect... Mais je peux me tromper.

    Sinon quand je parlais de va-et-vient, je corroborerais ma thèse en affirmant qu'il n'y a non pas une mais deux scènes de sexe dans ce film ! Pas montrées, évidemment... L'une étant suggérée et l'autre faite sous la couette.

    Tout est lié... Les illuminati sont derrière tout ça, c'est sûr !

    RépondreSupprimer
  5. Sympa ta critique ! J'avoue que ta description du Lieutenant Ripley dans Alien 4 est assez juste... mais le film a au moins le mérite d'être bien ficelé, ce qui n'est pas vraiment le cas de Prometheus... Mon préféré reste aussi le premier, c'est sûr. Le Alien de David Fincher n'est pas mal non plus, et c'est assez drôle d'ailleurs de comparer le film de 1992 avec le director's cut de 2003. Dans cette dernière version par exemple, la scène d'ouverture offre des plans d'ensembles des extérieurs : on y voit notamment Clemens, marcher sur une plage, où le corps de Ripley a échoué, après avoir été éjecté de la navette. Dans la version de 1992, Ripley n'a pas bougé de la navette, et le réalisateur ne donne aucune vue des espaces extérieurs. L'atmosphère est donc légèrement moins oppressante dans la version de 2003 que dans celle de 1992, où l'on se retrouve directement plongé dans la prison pour criminels à chromosomes YY (des mâles doublement "testostéronés", ça fait peur).

    Enfin, pour revenir à Prometheus et conclure, si le film est loin d'être un chef d'oeuvre, il aura au moins su nous faire parler..


    ** Walking Dead, moi j'ai décroché. Et pourtant la première saison m'avait vraiment plu. Mais le rythme est devenu vraiment trop mou dans la seconde saison, que j'ai dû stopper à mi-parcours.

    RépondreSupprimer
  6. Oh mon Dieu... Faire une faute sur le nom de "Ripley"... Je vais me pendre.

    Pas vu le director's cut , ça me donne envie du coup.

    Pour Walking Dead, oui, j'ai l'impression que les scénaristes calent (comme le van, tiens donc). Mais je m'accroche pas mal à certains personnages, dont le psychopathe monolithique à l’arbalète et le vieux croulant, dont on ne connaît pas vraiment les motivations (qu'espère-t-il des petites jeunes ce sale vicieux ?). C'est une série 0 prise de tête, qui se regarde aux environs de minuit, juste avant de s'endormir... Au moment où le cerveau est à peu près aussi agile que celui d'un zombie.

    PS : le compteur à coms gonfle ! Lâche tes coms !

    RépondreSupprimer