20 ans d'écart : "25 siècles d'histoire des mœurs"






Après la réalisation de deux films d'horreur assez moyens - The Eye et Ils -, David Moreau nous offre, avec 20 ans d'écart, une comédie romantique plutôt réussie. 

Alice (Virgine Efira), bientôt quadra, ne vit que pour son travail. Sérieuse et grande bûcheuse, elle est donc a priori la candidate idéale pour le poste de rédactrice en chef du magazine "Rebelle" sur le point de se libérer. Mais cette image trop soignée n'est pas du goût de son supérieur, qui n'entend pas laisser sa place à la jeune femme si facilement. Car pour conduire une revue de mode, il faut au moins - AU MOINS - un brin d'excentrisme. Alice est trop "parfaite".  Et la concurrence, pour elle, est rude : la favorite est une collègue québécoise complètement déjantée, qui n'a que "cul" et "bat" à la bouche.
Afin de mettre un peu de piment dans ce profil trop lisse, Alice décide donc de feindre un flirt avec un jeune étudiant en école d'architecture, Balthazar (Pierre Niney), rencontré au retour de son voyage d'affaire au Brésil.  

Vivre une idylle avec un petit jeune de vingt ans son cadet, quand on est une femme et qu'on frôle la quarantaine, ce serait donc une action "rebelle", un peu folle? 
Effectivement, et le film nous le montre bien avec cette scène de sortie d'école, où Alice rejoint son ex-mari Julien, le père de sa fille Zoé, qui vient de frapper sa camarade de classe, parce que celle-ci lui faisait remarquer (en se moquant sans doute) que sa mère sortait avec un jeunot.
«Tu peux pas en vouloir à ta fille d'être impuissante face à 25 siècles d'histoire des mœurs.» lui dit Julien. Et ça, c'est seulement après avoir répondu à Alice, qui lui faisait remarquer que lui aussi, il vivait bien une histoire avec une minette de vingt-huit ans : "Je vois pas le rapport. Et puis, je veux dire, j'suis un mec quoi !"
Au-delà des codes du genre, le réalisateur pose donc la question de la différence d'âge au sein du couple: pas de problème pour la configuration minette - homme mûr bien sûr.
On le voit aussi avec le père de Balthazar (Charles Berling) qui, alors qu'il est en train d'emménager avec une ancienne camarade de son fils, et ce, sans que cela fasse l'objet d'une quelconque réflexion, se permet de surnommer la copine de son fils (Alice, donc)  "la périmée". Je sais que David Moreau ne souhaitait pas que son film se métamorphose en une grande oeuvre féministe, mais, sans aller jusque là, 20 ans d'écart aurait largement gagné en profondeur si le sujet avait été légèrement plus développé. 
Enfin, la peinture rapide des grandes rédactions de magazines de mode qui n'est pas sans rappeler Le Diable s'habille en Prada (David Frankel), verse peut-être un peu trop dans la caricature ou le cliché : toutes les revues de mode n'ont pas des patronnes ultra-autoritaires et condescendantes, tous les rédacteurs de mode ne sont pas gays, etc, etc.

En bref, 20 ans d'écart reste une comédie tout à fait appréciable, avec une histoire qui tient la route et de bons dialogues tenus par de bons acteurs. 

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