La Conquête







La Conquête, ou l'histoire d'un homme sans conviction aucune dont le seul objectif est d'accéder à l'Elysée.

Le film de Xavier Durringer (2011) retrace donc la montée de Sarkozy au pouvoir, aux côtés de Cécilia, depuis son poste de Ministre de l'Intérieur sous Chirac à sa victoire aux présidentielles en 2007, en passant par sa nomination à la tête du parti de l'UMP ... d'ailleurs grandement soutenue par Bernadette Chirac - c'est du moins ce qui est mis en évidence dans le film - (Et je félicite au passage celui ou celle qui s'est occupé(e) du brushing de Michèle Moretti )



En cherchant à imiter au maximum les personnalités politiques qu'ils incarnent, les acteurs ne sont parfois pas bien loin de faire sombrer le film dans la caricature. Et c'est le problème majeur de La Conquête ; les personnages sont ainsi singés, plus que copiés. Au milieu de cette panoplie de marionnettes, Denis Podalydès, fort heureusement, ne s'en sort pas trop mal. Il faut dire que le personnage qu'il campe, le (futur) Président de la République, est à lui seul, déjà, une (sorte de) caricature. Il faut donc admettre ici une assez bonne performance, qui marque d'ailleurs l'intérêt principal du film. Son interprétation reflète sans doute un énorme travail d'écoute et de répétition pour trouver et retransmettre le bon ton, le bon débit de parole, les bons gestes, tics de langage, etc, de Sarkozy. La ressemblance est d'ailleurs parfois troublante.
Quant aux scènes purement inventées, à savoir, par exemple, celles censées représenter des bribes de la vie intime de Sarkozy (les coups de fil à Cécilia pour "rattraper" son coup de gueule de la veille, les disputes à la maison, etc), eh bien, pour le coup, on n'y croit pas du tout. L'entremêlement de la reconstitution de faits (Podalydès reprend donc les discours officiels de Sarkozy à la respiration près) et de la fiction ne réussit pas ici, c'est certain.  Et le film, souvent, ennuie.

Mais il faut reconnaître que raconter l'accès au pouvoir d'un Président toujours en fonction n'est pas un exercice facile. Manque de recul, auto-censure, peut-être ? On aurait souhaité que Durringer se mouille un peu plus pour nous offrir une vision plus originale, plus "dynamique", plus piquante ... de cette ascension.
On notera tout de même un léger effort sur certaines répliques (gentiment) crues, la meilleure restant peut-être : "Je vais le niquer ce gros con" (Sarkozy à Cécilia, au sujet de Chirac).

6 commentaires:

  1. J'avais trop envie de voir ce film et je l'avais raté en salle. Je pense que c'était un exercice assez périlleux de faire un film sur le pouvoir en place, et ça ne m'étonne pas que le résultat te paraisse un peu tiède. Je vais le regarder et je te dirai ce que j'en ai pensé (c'est terrible de lire ton blog, parce que je me sens overbookée d'avoir envie de tout regarder!)

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  2. Bon, alors finalement, je l'ai vu, et je suis d'accord avec toi (sauf que comme je m'y attendais, j'ai peut être pu apprécier le film d'une autre façon, étant prévenue à l'avance). Je pense comme toi que Durringer s'est auto-censuré pour rendre son film visible par le plus grand nombre. Ce n'est pas un film politique, c'est un film comme tu le dis sur un homme sans réelle conviction (d'où la volonté d'effacer le clivage gauche droite) qui veut juste accéder à l'Elysée. Résultat, c'est sûr que ça manque de piquant, j'aurais préféré un film à la sauce Guillon plutôt qu'un soap opéra à la sauce Laurent Gérra sur la vie intime de Sarkozy. Denis Podalydès (que j'adore depuis longtemps) est tellement fort qu'il tombe à son issue dans un travers assez regrettable: il rend un personnage très dur un peu trop tendre, et on finit presque par se prendre d'affection pour lui(à espérer que Cécilia revienne, etc...), ce qui n'a aucun intérêt. Par contre, j'ai été assez convaincue par les performances des acteurs, notamment par Bernard Le Coq qui joue Chirac, ou Florence Pernel qui joue Cécila. Je n'ai pas été dérangée par le côté un peu caricatural, je l'ai trouvé assez proche finalement de l'image donnée aux médias. Et j'ai été séduite par l'écriture des dialogues, avec pas mal de pépites: Sarko qui lance à Guaino "La politique, c'est un métier de con, fait par des gens intelligents", ou encore De Villepin glissant à Chirac après les résultats: "Parfait, ce nain va nous faire une France à sa taille...". Truculent!

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  3. Merci pour ton avis :) J'ai peut-être été un peu dure avec l'interprétation des acteurs, c'est vrai que Bernard Le Coq est pas mal en Chirac, mais j'avais quand même du mal à ne pas penser aux Guignols. Il est vraiment si cru dans la vraie vie ?! Durringer s'est peut-être "amusé" à pousser le personnage.. Concernant Cécilia, je la trouvais assez crédible, jusqu'à la première scène "coup de gueule" avec Sarkozy, avec sa voix "étonnée"... si, si ! Et du coup, à partir de ce moment-là, j'ai eu l'impression qu'elle surjouait pendant tout le film...

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  4. Ce que tu dis sur l'interprétation, je l'ai aussi entendu dans la bouche de critiques, mais je ne me souviens plus où exactement...
    Au sujet de politique, as-tu vu Pater ? A force d'en avoir de bons échos, j'ai envie de le voir...

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  5. Tu parles de ce film avec Vincent Lindon ? Non, je ne l'ai pas vu, mais j'aime bien cet acteur, et je ne savais pas que ca parlait de politique...

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  6. Ah oui, je parle de ce film (ouhla moi et les réponses rapides...)

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