Un petit mot sur Chabrol

Caméra (Berlinale 2009) pour l'ensemble de sa carrière



Claude Chabrol a tourné un gros paquet de films : il faut compter presque soixante longs. 
Parmi ceux que j'ai vus, il y en a un que je mettrais bien au-dessus des autres : c'est Que la bête meure, réalisé en 1969, et qui met en scène Jean Yanne, dans la peau de la "bête". La bête, c'est ce père de famille abominable, qui prend son pied en humiliant les autres. La bête, c'est aussi ce chauffard abject, coupable d'avoir renversé un enfant jouant sur une petite route dans un village de Bretagne et de l'avoir laissé là, continuant sa route comme si rien ne s'était passé. Bref, c'est le portrait du vrai salaud. Et on ne souhaite effectivement qu'une chose :
qu'il meure !

Il faut aussi très certainement prendre le temps de voir Une affaire de femmes, avec Isabelle Huppert (1989). Chabrol dresse ici le portrait d'une faiseuse d'anges sous la France de Pétain, condamnée à mort et exécutée en 1943 pour les avortements qu'elle a pratiqués. Isabelle Huppert, on la retrouve également dans l'adaptation du roman de Flaubert, Mme Bovary, que j'ai trouvée, ma foi, pas mal du tout, ainsi que dans Merci pour le chocolat qui reste, dans mes souvenirs, un bon film.

Un autre de Chabrol, découvert récemment : L'Enfer (1994). Avec François Cluzet et Emmanuelle Béart à l'écran, le film parle de la jalousie qui rend fou, littéralement. Il dépeint le drame d'un homme en proie à une paranoïa extrême, qui se persuade que sa femme le trompe. Autant de fantasmes et d'hallucinations qui vont provoquer la descente aux enfers d'un couple a priori parfait. Cluzet interprète le personnage formidablement bien. A voir, absolument.

Je n'en dirai pas autant de La fille coupée en deux, qui m'a fait regretter d'avoir payé ma place de ciné. Je ne sais pas si c'est le jeu de Ludivine Sagnier ou le personnage même qu'elle interprète que j'ai trouvé insupportable.. Peut-être les deux. Benoît Magimel est décevant. Et le dernier du triangle amoureux, François Berléand, pourtant parfait dans son rôle de pervers, a fini par me sortir par les yeux.

1 commentaire:

  1. Et oui, j'étais bien déçue d'apprendre sa disparition, alors même qu'il allait commencer le tournage d'un autre film. C'était le réalisateur français que j'aimais le plus. C'est marrant on a vu les mêmes films de lui. Certes ils font partie des plus connus mais bon. Sauf La fille coupée en deux. Celui-là je ne l'ai pas vu. Il faut dire que je supporte très difficilement Ludivine Sagnier et son côté ultra théâtral de femme enfant (excepté dans un de ses derniers, Pieds nus sur les limaces, qui est pas mal du tout). C'est vrai que l'Enfer est un film très très fort. Je me rappelle de sa façon très particulière de filmer Cluzet, fébrile et prostré, dévoré par la jalousie. J'avais un peu moins aimé Mme Bovary, mais comme je suis une fan du roman, ça allait. Je pense que Chabrol est trop moderne pour faire des films costumés. Merci pour le Chocolat était super, même si je n'aime pas du tout Dutronc au cinéma, Isabelle Huppert est tellement renversante! L'ivresse du pouvoir est exquis, vraiment, mais je trouve que son meilleur film est de loin Une affaire de femmes. Je me rappelle que c'était toi qui m'en avais parlé en premier, et j'ai fini par le voir il n'y a pas si longtemps... j'étais scotchée devant mon écran par cette histoire. Chabrol était vraiment le plus lucide des cinéastes, et un des plus subtilement engagés. Quelle perte.

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