Eyes Wide Shut : à voir les yeux grands ouverts







Dernier film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut m'a beaucoup surprise (en bien - soyons clairs dès le début ! -). Adepte de ses quatre derniers films (de Orange mécanique à Full Metal Jacket en passant par Barry Lindon et Shining), je savais que celui-ci avait engendré nombreuses controverses et suscité des critiques partagées, certains le percevant comme un "film-testament admirable", d'autres comme un film "déstabilisant" voire "décevant". Je m'attendais donc à ce que le film tranche par rapport au reste de l'oeuvre kubrickienne (pour le peu que j'en avais vu, car j'ai effectivement pas mal de lacunes pour les débuts) et, si "déstabilisant" n'est pas forcément un qualificatif négatif, en revanche, je redoutais donc, au vu de certaines critiques, quelques déceptions. Finalement, rien de tout ça. Eyes Wide Shut m'a plutôt convaincue.


Tout d'abord, parce que c'est un film agréable à regarder. Et pas seulement parce qu'on y voit

les corps nus de Tom Cruise et de Nicole Kidman
, non, non. La photographie est superbe, et on sent bien que tout est conduit par une main de maître. De plus, Kubrick sait nous tenir en haleine jusqu'au bout (soit pendant 2h30). Car le petit drame conjugal se transforme vite en réel thriller psychologique, et naît alors une véritable intrigue qui ne peut que nous "accrocher crescendo".

Plus qu'un film sur le couple et sur la fragilité du couple, toujours enclin aux fantasmes et aux désirs d'infidélités, Eyes Wide Shut porte une réflexion sur l'individu au sein même du couple, et sur ses difficultés à se connaître lui-même, avant même de connaître l'autre. Le film raconte donc, en quelque sorte, une angoisse.

Mais Eyes Wide Shut, c'est aussi une peinture de la haute société new-yorkaise, dont tous les travers semblent parfaitement bien incarnés par ce très (trop ?) courtois Victor Ziegler (Sydney Pollack) chez qui tout commence et tout finit...


Le bonus : la bande-son  m' a fait redécouvrir Chris Isaak (avec son fameux Baby did a bad bad thing) que je n'avais pas écouté depuis...pffiou...quelques années (ça devait tourner dans le radio-cassette de la voiture de ma mère quand on partait en vacances). Un sacré artiste ! Une sacrée voix !

5 commentaires:

  1. Le film est agréable à regarder parce que c'est voulu comme tel. Il provoque une sorte d’envoutement, d'hypnose. Tout y est onirisme. Onirisme, fantasme, désir. La clé de voute du film.
    En ça le film tutoie le brillant pour sûr.
    Je ne peux définitivement plus voir les masques vénitiens de la même manière depuis héhé.
    D'ailleurs, je ne sais pas si tu as eu la chance de faire l'expo Kubrick à la Cinemathèque nationale, mais les masques originaux du film y étaient exposées !

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  2. Non, pas vu l'expo Kubrick à la Cinémathèque Nationale, très dommage d'ailleurs, ça devait être chouette !

    Sinon, quels films de Kubrick me conseillerais-tu de voir, parmi ceux réalisés entre les années 50 et 60, si tu les connais ?

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  3. Dans les années 60 : Doctor Strangelove et de loin. Génial satire sur la guerre froide avec un Peter Sellers jouant pas moins de 3 rôles. Puis Lolita qui est assez savoureux aussi sans être un chef d'oeuvre comme le premier cité. J'omets volontairement 2001, a space odyssey en considérant que tu l'as vu, mais il est des années 60 aussi, ainsi que Spartacus que Kubrick lui-même renia et qui a de toute facon fort bien mal vieilli.

    Dans les années 50, son meilleur film est Les Sentiers de la Gloire. Incroyable maitrise technique avec des scènes dans les tranchées en travelling fabuleuses pour l'époque.
    The Killing et Killer's Kiss sont deux bons thrillers, mais n'ont rien d'exceptionnel.
    Par contre Fear and Desire son premier film est assez fascinant, quoi qu'imparfait.

    Voili voilou.

    Et dans l'absolu Barry Lyndon > Les autres Kubrick. Oui oui ;)

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  4. Merci pour tes conseils ; j'ai du pain sur la planche ! :)

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  5. Je suis tout à fait d'accord avec toi sur Eyes Wide Shut. Et pourtant il est vrai que l'accueil du film avait été aussi glacial que le film est chaud! Je ne l'ai pas vu depuis pas mal d'années mais je me rappelle très bien que jamais un film n'a aussi bien réussi à parler du fantasme sans tomber dans les travers de la vulgarité et de la banalité. Car quel sujet est plus glissant que l'univers aussi vaste et intime du fantasme dans le couple? J'aime ta phrase sur le petit drame conjugal qui se transforme vite en réel thriller psychologique. C'est vraiment l'impression que j'en avais gardé. Surtout le mot "réel", car, sans évoquer la relation Cruise-Kidman à la façon des tabloïds, j'adore l'idée du couple à la ville, que Kubrick travaille devant et derrière la caméra, comme une matière tantôt souple, tantôt cassante. Elle est connue cette malédiction des couples de stars au cinéma, qui donne souvent de gros désastres à l'écran. Et pourtant, l'alchimie est là, tant et si bien qu'on se demande quelle est la part de vérité dans les dialogues, où est la vie privée, et où est la fiction dans ce couple. Ca me rappelle un peu Pialat, qui disait toujours que les films sont toujours ratés, parce que ce qu'il y a de plus intéressant dans le cinéma, c'est ce qui se passe avant "Action!" et après "Coupez!".

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