Drive : un thriller poétique






Avec un générique porté par une musique des années 80 - qui colle finalement plutôt bien au film - , Nicolas Winding Refn sait déjà retenir l'attention de son spectateur. On se laisse de toute façon rapidement emporter par ce polar poétique. Qu'on se le dise : Drive est un beau film.
Tout -ou presque- est tourné de nuit. Le jeu sur les lumières (éclairages de la ville) et la vitesse (courses nocturnes en voiture) nous donne parfois l'impression d'être dans un demi-rêve. Ainsi, Drive pourrait rappeler les plans très esthétiques du réalisateur chinois Wong Kar-Wai, et notamment ceux de My Blueberry Nights. Tout comme le réalisateur asiatique, Nicolas Winding Refn use aussi sans complexe des ralentis. Et d'ailleurs, malgré les balades plutôt secouées en voiture, le rythme est assez lent.
Il y a peut-être quelques longueurs, mais celles-ci ne vont en tout cas pas jusqu'à nous ennuyer, c'est clair. Au moins, le réalisateur nous laisse vraiment le temps de contempler, d'apprécier les choses. Et cette nonchalance n'altère du reste en rien la tension de certaines scènes de ce thriller; je pense notamment à certains moments de la séquence d'ouverture du film. Et au contraire, elle semble même parfois la renforcer. 



Au-delà de la dimension esthétique, Drive raconte une histoire à laquelle on s'accroche jusqu'au bout. Tiré du roman éponyme de James Sallis, le film est sans doute une adaptation réussie. Drive dresse donc le portrait d'un jeune homme solitaire qui joue les cascadeurs le jour et les conducteurs de malfrats la nuit (il faut dire que le garçon est plutôt bon pilote). Le personnage, presque muet tant il est (paraît) calme et réservé, fait pourtant preuve d'une violence extrême lorsqu'il s'agit de protéger ceux qu'il aime. Le film n'est d'ailleurs pas avare d'hémoglobine... Dans la peau de ce "driver", Ryan Gosling est surprenant. Cela vient confirmer le talent de ce jeune acteur, à l'affiche également du dernier long de George Clooney, Les Marches du pouvoir, et que l'on retrouvera par ailleurs dans le prochain film de Terrence Malick. A ses côtés, l'actrice anglaise Carey Mulligan - notamment vue dans Une éducation- incarne sa "protégée". Les deux forment un duo timide et sensible, très attachant. Drive raconte donc aussi une belle rencontre. Pour continuer sur le casting, j'ai été ravie de retrouver Bryan Cranston, le Walter White de la série Breaking Bad que j'aime beaucoup. 
Bryan Cranston

Bref, un prix de la mise en scène à Cannes bien mérité, une belle démonstration d'art et de cinéma. Nicolas Winding Refn est un nom à retenir. Il avait déjà réalisé il y a quelques années Bronson et la saga des Pusher (qui sont, paraît-il, très bons), j'attends en tout cas avec impatience ses prochaines productions...


11 commentaires:

  1. Oh mon dieu, j'ai haï ce film ! Pour le coup je rejoins l'avis de l'odieux connard : http://odieuxconnard.wordpress.com/2011/11/02/hard-drive/ (bon il y a quelques scènes bien filmées tout de même)

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  2. C'est pas vrai ?! Peut-être que tu l'apprécieras mieux une prochaine fois... J'irai donc voir ce que dit cet "odieux connard" ^^

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  3. Oui, la mise en scène n'est pas déplaisante, mais tout le reste est vraiment d'une lourdeur, j'ai trouvé ça insupportable... :)

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  4. Les films où les gens parlent pas, ou peu, c'est cool. Ca repose mon cerveau et ça me fait croire que je regarde un Western. Et les westerns, c'est le bien. CQFD.
    Logique imparable.

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  5. Je n'étais pas du tout motivée au départ (à cause du sujet) mais ton article m'a donné envie d'y aller. Il a suffit que je lise ta référence à Wong Kar-Wai, c'est une valeur sure. Et moi, contrairement à beaucoup de gens, j'adore les films lents, les ambiances "Lost in Translation" et "Bluberry Night", les longs silences, les ralentis, les gros plans et les plans flous. C'est souvent entêtant, passionnant et/ou sensuel. Par contre, c'est sûr, il faut encore plus de talent et d'audace pour faire un long métrage comme ça.

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  6. Regarde-le alors quand tu en auras l'occasion, je suis curieuse d'avoir ton avis.
    Lost in Translation, super film aussi. Le duo Bill Murray - Johansson marche très bien... Et si tu n'as pas encore vu le dernier de Sofia Coppola, Somewhere, je te le conseille également. Très peu de dialogues, tout aussi lent, je l'ai trouvé très intéressant.

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  7. Oui, j'ai vu "Somewhere" aussi également, à sa sortie en salle, et j'avais aimé. Ca donnait une vision terrible d'Hollywood, et j'ai apprécié la façon dont le sujet était traité. Très lent, effectivement.

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  8. Aussi de Winding Refn, le trip viking de Valhalla Rising est un Ovni comtemplatif à voir ne serait-ce que pour se rendre compte des multiples talents du réalisateur.. et de voir Mads Mikkelsen excellé encore une fois devant la caméra (après notamment le bouleversant After the Wedding)

    Sinon, la scène de l'ascenceur est peut-être la meilleure scène de cinéma de l'année 2011 à mon humble avis... Et j'adore la densité psychotique de Gosling, qui croit devenir un chevalier blanc la nuit tombée alors qu'il est l'icone même de l'antihéros.

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  9. Ah, Mads Mikkelsen ... j'adore ! Il est brillant dans tous ses rôles ! Vu dans "Adam's apples" et "Les Bouchers verts" (Sven la sueur !) tous deux réalisés par Anders Thomas Jensen. J'aime leur humour noir décapant ! Et puisqu'on parle de cinéma danois, je viens de louer le dernier de Thomas Vinterberg, Submarino. Quant à Winding Refn, je crois que j'ai encore pas mal d'heures de films devant moi... Car Driver est le seul que j'ai vu pour l'instant.

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  10. * Drive
    PS : j'en profite pour apporter quelques précisions sur la musique atypique du film - en fait, c'est du neo 80's, composé par Cliff Martinez. La musique d'ouverture est un morceau de Kavinski, produit par Homem-Cristo, de Daft Punk. Voilà.

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