Une rencontre autour du cinéma avec Marjane Satrapi & Thierry Frémaux




Le samedi 26 novembre 2011 se tenait à Lyon le fameux Forum Libération : des débats ouverts au public autour de sujets variés (la transition énergétique, les inégalités sociales, etc), l'occasion d'échanger avec des personnalités diverses (du PDG de Total, Christophe De Margerie, à François Hollande, en passant par José Bové et Pierre Rosanvallon, historien et professeur au collège de France).

Mais cet après-midi du 26, entre 16h30 et 18h00, quelques personnalités attachées à cet art que nous aimons tant, se réunissaient dans la salle Henri IV de l'Hôtel de Ville pour discuter de "films d'un autre temps", de "producteurs comme 'réalisateurs ratés' ", et de bien d'autres choses encore... Ainsi, le sujet originel du débat, "Fiction et réalité, quelles frontières?", jugé d'ailleurs bien trop stéréotypé par la journaliste de Libération Béatrice Vallaeys qui animait la rencontre, n'était qu'un prétexte pour une longue discussion entre cinéphiles (bien) avertis ! 

D'un côté nous avions Thierry Frémaux, Directeur de l'Institut Lumière et Délégué Général du Festival de Cannes ; de l'autre se tenait la Franco-Iranienne Marjane Satrapi, dont l'actualité tournait autour de la sortie de son Poulet aux Prunes, adaptation cinématographique d'un de ses albums dessinés, dans la lignée de Persepolis, également porté à l'écran un peu auparavant (2007). Cette série de bandes dessinées d'autofiction  - Satrapi ne les pense pas comme des autobiographies - a d'ailleurs connu un large succès en France.

Persepolis 

Cette rencontre a donc été l'occasion pour la jeune artiste d'évoquer plusieurs fois son dernier tournage très cosmopolite. En effet, Poulet aux Prunes met en scène des acteurs français, portugais et italiens dans le cadre d'un "Téhéran rêvé où l'on fume de l'opium". Il n'y a en fait pas vraiment de recherche de réalisme dans cette réalisation. Marjane Satrapi a d'ailleurs choisi l'acteur français Mathieu Amalric pour interpréter son personnage principal. En outre, le film s'est tourné en Allemagne, intégralement en studio. Bref, une oeuvre tout à fait au-delà des frontières.

La rencontre était également l'occasion de faire l'éloge de certains films étrangers : la réalisation iranienne Une Séparation est, d'après Marjane Satrapi, un film très moderne, qui a su ramener de "l'Iran urbain" au cinéma, et dépasser les clichés.
Frémaux a indiqué que la réalisation du turc Nuri Bilge Ceylan, Il était une fois en Anatolie, était un "film formidable", avant d'ajouter "bien qu'un peu chiant parfois", et de conclure ainsi : "Les films d'auteur ont inventé les films bons et chiants !". 

Selon Frémaux, l'audace, au cinéma, est de renouveler des "choses" un peu connues ; il aime prendre pour exemple les œuvres de Quentin Tarantino aux multiples références, fruits d'un cinéphile fanatique. Pour lui, Tarantino est d'ailleurs l'exception américaine. En effet, d'après le délégué général du Festival de Cannes (chargé - faut-il le rappeler - de la sélection des films en compétition), "les américains ne savent plus faire du cinéma pour adultes ; ils ne font que des films pour adolescents". Une remarque assurément rude et provocatrice, néanmoins appuyée par Satrapi, pour qui  "Avatar est vraiment mauvais".

Bref, un instant riche d'informations de toutes sortes autour de cette "drogue dure" qu'est le cinéma (comme je te comprends, Marjane !), mais malheureusement, sans réel débat, à l'inverse de ce qui avait été annoncé.



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